« Tu es amoureuse. Ne cherche pas plus loin. » J'ai envie de rire au nez des gens qui me lancent ça en pleine figure. En fait elle est la seule à me le dire. Je souris à chaque fois, prétendant que non. C'est juste un coup de blues ...

Pourtant, non. Je me mens, ce mentir à sois même est une chose, facile, trop facile.

C'est bien plus que ça. Je suis malade d'amour, malade au point d'en pleurer, malade au point de vouloir m'arracher ce coeur que je n'ai plus- il est bien loin là-bas, avec Elle. « Tu te fais du mal pour rien, tu sais que ça ne sert à rien. Je ne veux pas que tu te détruises ... » Et si ça ne me détruisait pas ? Tous ces sentiments, aussi violents soient-ils, s'ils me faisaient du bien au contraire. Ou alors suis-je une simple masochiste. « Oublies là. » Si seulement je pouvais. Je n'en ai même pas envie, je veux continuer, continuer à l'aimer sans en avoir le droit.

«Tu sais que je vais te faire du mal... » Cette phrase résonne dans ma tête. Encore et encore. Tel un refrain de chanson que je n'arriverai jamais à oublier. Je me le repasse en boucle, ce refrain. Essayant d'y trouver un certain sens. Sans comprendre. Cette phrase est pourtant simple, mais je ne comprends pas. C'est Elle que je ne comprends pas.

Je me cache, pour l’aimer. Je ne me montre pas, préférant rester discrète. Je n’ai jamais aimé que tous les regards se posent sur moi. Et ce que je ressens est bien trop secret, trop étrange pour qu’Elle en prenne conscience. Je préfère la laisser vivre, ainsi aucune obligation. Aucune interdiction. C’est peut-être de la lâcheté, un manque de courage également. Elle me l’enlève mon courage, en me regardant dans les yeux, elle éteint toutes ces bonnes résolutions, et m’empêche de lui dévoiler le fond de mon âme. Mon amour parait ridicule à côté de ce qu’Elle est … Trop ridicule, inutile.

“ I see it around m, I see it in everything, I could be so much, More than this, I said my goodbye's, This is my sundown … ”

On a tous quelque chose qui nous rappelle quelqu'un, quelque chose qui rend cette personne importante à nos yeux, qui la rend unique. On a tous cette petite chose, qui au fond - on le sait - n'appartient qu'à une seule personne. Une chanson, un objet, une image ... Un souvenir.

Je m'en suis créée des souvenirs, avec Elle. Peu, certes. Mais ils existent, ils sont là, toujours présents quoi que je fasse. Et je ne peux les chasser, même si quelquefois je le voudrais, ils reviennent toujours. Ils sont là. Doux, piquants... Je crois que je suis incapable de m'en passer.

*
Parce que de toute manière elle se reconnaitra. Elle se reconnait toujours.

 *

Aujourd’hui j’ai pensé à Elle. Un peu trop fort d’ailleurs. Tellement fort que je me suis brûlée le cœur. J’ai rien sentit. Elle par contre, je suis sûre qu’elle s’est brulée.  

Si seulement les mots pouvaient sortir tous seuls. Si seulement je n'avais pas peur de monter là haut et de crier ! Ce n'est pas dur pourtant, il faut seulement trouver le courage. Il se cache, c'est un petit malin, il est futé. Il se cache tellement bien, que les jours où j'en ai le plus besoin je suis incapable de le dénicher. C'est un lâche. Il me laisse seule devant cet immense obstacle. Seule, je n'y arriverai pas ...

“ I need you to show me The way from crazy, I wanna be so much more than this”

*

18 ans. Quel bel âge. L'âge où on se sent enfin libre ! En tout cas, je me sens libre, j'ai l'impression d'avoir changé, je vis une nouvelle vie ... ? Je n'obéis plus aux règles que l'on fixe aux enfants. Les adultes me font confiance, c'est normal, j'en suis une maintenant. Enfin, je crois. J'ai dix-huit piges et je peux tout faire ! Acheter des cigarettes sans que le gérant risque une amende, acheter de l'alcool en toute légalité et montrer fièrement ma carte d'identité à la caissière de Monoprix !

J'ai dix-huit ans et j'aide mes amis mineurs à acheter de l'alcool, c'est mal n'est-ce pas ? Ne mentez pas, vous l'avez fait aussi, je le sais. Tout le monde le fait.

Il  y a quelque temps, nous avons fait une petite sortie entre amies. A quatre plus précisément. Ce n’est pas très intelligent de vouloir se bourrer la gueule dans une chambre d’étudiant. Ce n’est pas intelligent de finir une bouteille de vodka à quatre dans une chambre d’étudiant. C’est encore moins intelligent de sortir faire la tournée des bars après avoir bu. " Un paquet de clope dans les mains et nous sommes les reines ce soir ! " Boire des cocktails à n’en plus pouvoir. Demander au barman un autre verre, ça non plus ce n’était pas très intelligent.  

" Le paquet est vide ! On rentre. "

 Bourrées ? Non. Joyeuses, un peu plus que ça tout de même.

Le réveil fut dur. " Les filles, je crois que j’ai perdu ma carte d’identité. "

C’est con. Avec la tête de gamine que j’ai, je ne pourrai plus rien acheter. C’est ma mère qui va être heureuse.

*

J'ai dix-huit ans, il me semble que je suis une fille plutôt intelligente. Ou du moins doté d'un minimum de bon sens. Je sais apprécier ce qu'il y a autour de moi, même si quelques fois certaines choses me restent en travers de la gorge. J'ai dix-huit ans et malheureusement je sais déjà que la vie n'est pas un conte de fée et je pense que vous le savez tous. J'aurais aimé garder mon innocence d'enfant, garder ce trésor si précieux. L'enfermer dans une boîte et le ressortir les jours de mal être. J'aurai aimé ne jamais connaître certaines choses, certaines personnes. Etre comme Peter Pan. Dix-huit ans et déjà le cœur brisé en millier de petits morceaux, morceaux aujourd'hui enfermé dans un coffre scellé à jamais.

Jeune fille de dix-huit ans qui n'a trouvé qu'une seule chose pour s'exprimer, pour exister : Ecrire.